Au Banquet des visages
Details
| Instrument family | Orchestra |
| Catalog classifications | Diverse ensembles: 11-20 musicians |
| Instrument nomenclature | grand ensemble (flûte, hautbois, clarinette, basson - cor, trompette, trombone - piano, 2 percussionnistes - 2 violons, alto, violoncelle, contrebasse) et électronique |
| Total duration | 00:15:00 |
| Publisher | Éditions Billaudot |
| Cotage | GB10824 |
| Languages | French, English |
| Cycle / Level | concert |
| Année de composition | 2025 |
Description
"Au Banquet des visages est née à la fois d'une grande curiosité et d'une urgence d'écrire : je voulais comprendre ce qu’il peut rester de substance humaine à une voix lorsqu’on lui retire peu à peu toutes ses caractéristiques (hésitations, intonation, ligne mélodique, accents, débit …). L'irruption de l'intelligence artificielle dans nos vies il n'y a que quelques mois a rendu brûlante cette interrogation, puisqu'elle transforme profondément et à grande vitesse notre rapport au langage et au sens, nous amenant à une sorte d'aplanissement neutre de ceux-ci. Cette pièce s’inscrit également dans une recherche que je mène depuis plusieurs années autour de l’altération du langage, du rôle dramaturgique des traitements électroniques sur la voix, et de la manière dont une voix artificielle peut se construire à partir d’une matière profondément humaine.
Pour construire une voix artificielle, il me fallait une base humaine. J’ai donc choisi de travailler à partir de vocaux envoyés volontairement par des inconnus via WhatsApp, invités à se livrer sur leurs désirs et leurs peurs. Ces messages, anonymisés puis transformés (par étirements extrêmes, transpositions, filtrages), alimentent un modèle de génération de voix qui produit trois états : des phrases bancales, un langage fragmenté et une matière vocale quasi dissoute. D'autres processus de transformation électronique, tels que la synthèse croisée (qui met en relation des matériaux très différents, comme des consonnes vocales et de petits sons d’os brisés), viennent ensuite compléter la composition de l'électronique.
Le pianiste (jouant sur un disklavier) se trouve au centre du dispositif. D’abord absorbé par la masse de l’ensemble, il met du temps à émerger, un peu comme une voix qui essayerait de reformer un langage. Autour de lui, les timbres s’effritent, les consonnes errent, et des fragments syllabiques apparaissent et disparaissent. Dans ce processus, l'électronique fonctionne comme un miroir déformant.
La pièce, construite comme un petit théâtre sonore défilant par strates successives, traverse trois zones : un monde encore humain, saturé de gestes ; un espace d’entre-deux ; puis une zone dépouillée où la machine s’impose peu à peu, tandis que le pianiste n’articule plus que les restes du langage jusqu'à n’en jouer finalement que les consonnes."
Sponsor
EIC
Creative note
Co-commande de l’Ircam-Centre Pompidou et de l’Ensemble intercontemporain
Partie informatique de l’oeuvre réalisée dans les studios de l’Ircam-Centre Pompidou
Réalisation informatique musicale Ircam : Pierre Carré