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TRACE II (La Cabra)

Partition et matériel

Martin MATALON

Details

Instrument family Orchestra
Catalog classifications Mixed music and acousmatic music, Audiovisual music
Instrument nomenclature alto, récitant et dispositif électronique
Total duration 00:38:00
Publisher Éditions Billaudot
Cotage GB8293 O
  • Main visual

Description

>> Disponible en espagnol, français et anglais

Traces II (la Cabra), musique pour Las Hurdes (Terre sans pain) - fait partie, avec Las siete vidas de un gato pour Un Chien Andalou et Le Scorpion, pour L’Âge d’or, d’un triptyque conçu à partir des trois films surréalistes réalisés par Luis Buñuel entre 1927 et 1932.

De 1932 jusqu’à 1947, Buñuel ne réalisera aucun film, après quoi commencera sa période mexicaine, tout à fait autre, en particulier du point de vue de la narration.

Las Hurdes (Terre sans pain), réalisé dans le style d’un documentaire, dépeint avec des images fortes et dures, une région d’Espagne extrêmement pauvre. À la différence d’Un Chien Andalou et de L’Âge d’or, Las Hurdes n’est pas un film surréaliste, dans le sens que l’on connaît : écriture automatique, esthétique onirique, destruction de la narration, provocation… Il l’est plutôt par sa dénonciation sociale, le mouvement surréaliste se voulant révolutionnaire.
Dans mon esprit ces trois films forment une trilogie. Entre Un Chien Andalou, court-métrage de quinze minutes, et LÂge d’or, long métrage d’une heure, on assiste à une forme de progression, de développement, de magnification. Après L’Âge d’or, Buñuel prend un chemin diamétralement opposé : celui d’un regard hyper réaliste ou documentaire, où le rêve, la provocation et l’incohérence narrative n’ont plus leur place. La parole acquiert une importance croissante au long des trois films : Un Chien Andalou est entièrement muet, L’Âge d’or contient quelques dialogues – c’est un des premiers films parlants français – tandis que Las Hurdes comporte un commentaire off important. Ce qui pose d’ailleurs un problème spécifique dans l’écriture musicale, une partie importante de la partition se situe à la périphérie du film, celui-ci est encadré par un prologue et un épilogue purement musicaux.

La partition, écrite pour alto solo et dispositif électronique, contrairement aux deux autres partitions, a une dimension intimiste qui équilibre les sonorités fauves des deux autres panneaux (Un Chien Andalou et L’Âge d’or). La bande sonore originale de Terre sans pain – voix off et Quatrième Symphonie de Brahms – est remplacée ici par la voix d’un récitant live et l’alto avec transformations électroniques.

L’œuvre est structurée en trois panneaux : un prologue purement musical, une partie centrale qui inclue le film et qui est à la fois subdivisé en 7 sections et un épilogue lui aussi sans images.
Le prologue et l’épilogue se caractérisent par une profusion sonore, c’est le seul moment où l’alto joue sans le filtre de la sourdine lourde et est libéré de la parole du narrateur. Dans les 7 sections centrales le son de l’alto sera lourdement filtré par une sourdine en plomb et la musique aura une dimension plus aérée et intimiste. Chaque mouvement débouche sur le prochain sans aucune ré-utilisation du matériau, un détail anodin d’une section deviendra l’objet principal de la suivante… Ainsi la trame de l’œuvre se déploie en épousant le dessein formel du film…

(Martin Matalon)