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L'Annonce faite à Marie

Philippe LEROUX Paul CLAUDEL, Raphaèle FLEURY

Opéra sur un livret de Raphaèle Fleury d'après l'œuvre éponyme de Paul Claudel, musique de Philippe Leroux

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Détails

Famille instrumentale Orchestre
Classifications catalogue Opéras
Nomenclature instrument soprano, 2 mezzo-soprano, 2 baryton, ténor électronique Ircam et ensemble (flûte, clarinette, trompette, guitare électrique, perc, piano, violon et violoncelle)
Durée totale 02:20:00
Éditeur Éditions Billaudot
Cotage GB10116 0
Langues Français
Style musical Contemporain
Cet article est uniquement disponible à la location.
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Description

L’annonce faite à Marie est un texte charnel autant que spirituel. L’écriture de Claudel, d’une extraordinaire justesse, aussi bien quand il parle de passion amoureuse que de métaphysique, rejoint mon travail qui cherche un équilibre entre la corporalité du son et les constructions abstraites. Dès ma première lecture de la pièce, j’ai été saisi par la force de Violaine qui jamais ne s’arrête sur le rude chemin qu’elle s’est tracée, et par l’authenticité de Mara, dont l’intuition est aussi grande que sa volonté de posséder êtres et biens. J’ai donc fait le choix, loin de tout manichéisme, de traiter musicalement les deux personnages principaux dans toute leur complexité et leur ambiguïté. On trouve ainsi de la frivolité et de la malice, lorsque Violaine joue vocalement avec certains phonèmes, et de la pureté enfantine dans les comptines que chante parfois Mara.
J’ai souhaité également me rapprocher du fameux « opéra de parole », selon l’expression même de Paul Claudel (utilisation du vers libre claudélien), en composant un opéra à la fois dramatique et poétique. L’écriture vocale y oscille entre des périodes musicales où le texte est chanté de façon parfaitement compréhensible, et des récitatifs qui proposent une écoute « flottante », proposant à l’auditeur d’associer librement les mots entre eux. Se crée ainsi une dialectique entre le sens ordinaire des mots, qui supporte la narration dramatique, et une signifiance générale, poétique, portée par les voix, les instruments et la partie électroacoustique. Dans les moments de déclamation, le texte est dit au sein d’une texture musicale composée d’une synthèse sonore de la voix de Claudel (réalisée à l’Ircam par un système de synthèse utilisant des réseaux de neurones). L’idée est de mettre en scène musicalement l’auteur lui-même, comme s’il rêvait, était en train d’écrire son texte, en se le récitant à lui-même, ou nous guidait dans notre écoute. Dans le même ordre d’idées, j’ai utilisé le graphisme de l’écriture de Claudel, en en analysant les données gestuelles (forme des lettres, épaisseur des traits…).
C’est ainsi, en les transposant dans le domaine musical, qu’ont été générés la plupart des mouvements mélodiques et harmoniques, qui composent la trame musicale de l’opéra. Les éléments musicaux naissent ainsi de la voix et de la calligraphie de l’auteur. Par cela, j’ai voulu accentuer l’aspect profondément autobiographique et humain de ce drame, dans lequel Claudel montre crûment les diverses passions et rivalités amoureuses des deux sœurs, ainsi que les réactions et parfois la lâcheté des hommes qui les aiment, le tout au cœur d’un éclairage mystique.

(Philippe Leroux)

Commanditaire
Commande de Angers-Nantes Opéra et de l'Opéra de Rennes, avec le soutien de l'Ircam
Note de création
Création le 9 octobre 2022, au Théâtre Graslin de Nantes (France), par l'Ensemble Cairn, sous la direction de Guillaume Bourgogne