Pour sortir au jour
Concerto pour flûte et orchestre
Details
Instrument family | Flute |
Catalog classifications | Flute and orchestra or ensemble, Concertante music |
Instrument nomenclature | flûte solo et orchestre (2.2.2.2 - 4.3.0.0 - timb, 3 perc, 2 hp et cordes) |
Total duration | 00:20:00 |
Publisher | Éditions Billaudot |
Cotage | GB9504 O |
Musical style | Contemporary |
Sheet music and works by the same author
Description
> Commande du Chicago Symphony Orchestra Association et de l’Orchestre National de France
> Création le 5 mars 2014, à Chicago (USA), par Mathieu Dufour (flûte) et le Chicago Symphony Orchestra, sous la direction de Charles Dutoit
> Création française le 10 décembre 2015, à Radio France, Paris (France), par Mathieu Dufour (flûte) et l’Orchestre National de France, sous la direction de Christoph Eschenbach
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”Pour sortir au jour est le nom original du Livre des morts de l’Egypte antique. Ces rouleaux de papyrus étaient placés près de la momie afin de l’aider à réussir son voyage dans l’au-delà et à accéder à la lumière d’Osiris. Cet ouvrage consistait en une série de prières, de formules magiques pour ouvrir les portes, d’invocations et de récits fabuleux au service du mort. Car pour vivre cette deuxième naissance et voir la clarté des Justifiés, une série d’épreuves attendaient le défunt. C’est ce voyage spirituel que mon Concerto évoque, un voyage d’ombre et de lumière au pays de l’Amenti, le paradis des anciens Egyptiens.
Ma partition se déroule en cinq mouvements enchaînés dans lesquels on retrouve la structure classique en trois mouvements à cette différence près que les mouvements 1 et 2 sont précédés de deux danses rituelles. Ces danses font appel à un petit ensemble accompagnant la flûte soliste comme un souvenir du concerto grosso baroque. J’en ai choisi les instruments par analogie avec l’instrumentarium antique : ainsi deux hautbois et une trompette figurent les Aulos, les deux harpes et la percussion (dans laquelle je privilégie les instruments d’époques –crotales, sistres, tambour, fouet…) et 4 altos soli qui évoquent les sonorités des orgues hydrauliques de la période tardive.
• Danse processionnelle
Le cortège des funérailles traverse le Nil pour emmener la dépouille sur la rive occidentale du fleuve aux sons de cette danse à 7 temps. Tout ce mouvement où la flûte soliste est soutenue par les polyrythmies de « l’ensemble égyptien » est écrit sur un mode hindou Shri abondamment transposé. Parvenu à la transe, l’ensemble est soudain recouvert par le grand orchestre qui fait son entrée comme un éclair marquant le passage de l’autre côté du miroir, au pays des morts.
• Entrée dans la Douat
Ce long mouvement est composé de 6 sections. La première évoque la séparation difficile de l’âme et de son corps. La flûte solo semble démultipliée par les flûtes de l’orchestre dans des jeux de miroirs. La deuxième section expose le thème principal de ce mouvement dans le médium du soliste, un thème de mystère et d’inquiétude qui sera suivi de 4 variations. La première utilise le thème en miroir sertie d’une polyrythmie complexe. La variation suivante est un scherzo léger où le Ka virevolte et visite joyeusement son nouvel univers. Mais très vite il entend les pleurs de ceux qui n’ont pu échapper à la terrible Ammout, la dévoreuse d’âmes, cette nouvelle variation étant basée sur un motif en désinence comme une plainte. Enfin dans la dernière variation le mort se retrouve devant Osiris dont la lumière envahit tout l’orchestre comme une lame de fond.
• Danse de la Justification
On retrouve le petit ensemble du début et le mode Shri mais sans la flûte solo dans cette danse hésitante et mystérieuse. Ecrit sur un ostinato à cinq temps, c’est une musique d’attente qui prépare le Jugement.
• La Balance des Dieux
Ce mouvement lent, qui reflète le moment capital de la Psychostasie où se joue le destin du mort, se déroule comme un chant interrompu : un thème empli de gravité reviendra trois fois et les élans lyriques de la flûte paraissent à chaque fois se briser sur une horloge mécanique en forme d’ostinato se perdant dans le silence. Puis le jugement est rendu et sur un doux accord de sol b majeur la flûte est accueillie dans la splendeur d’Osiris.
• Danse des champs de Ialou
C’est une danse finale dans laquelle « l’ensemble égyptien » dialogue pour la première fois avec le grand orchestre. Un thème nerveux et rythmique en mode Shri est exposé par le soliste auquel répond un deuxième thème – tonal celui-là – clamé par tout l’orchestre. Cette danse de Joie est celle du Justifié qui, dans les champs de Ialou, verra des âmes s’emparer de leurs jambes pour courir vers les séjours heureux, connaîtra les vents porteurs des fluides de l’infini grâce auxquels les cieux s’unissent aux planètes, entendra glousser les âmes des pharaons comme les oies de Geb et plongera dans le Nil céleste.”
(Guillaume Connesson)