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Stephane BORTOLI

Stephane BORTOLI

Stéphane Bortoli est né en 1956. Élève entre autres de Claude Baillif, Alain Bancquart et Marius Constant au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, il obtient dans cet établissement le premier prix de composition en 1988. Par la suite, il se perfectionne auprès de maîtres tels que Iannis Xenakis, Luciano Berio, Franco Donatoni et Eliott Carter (sans oublier Vlado Perlemuter, Alain Neveux et Jean-François Heisser pour le piano).

Sa curiosité le conduira également à Bâle pour examiner les partitions de Maderna, et à Banff au Canada en tant que compositeur invité (grâce au CNSM de Paris et la Fondation Sasakawa). Elle sera récompensée par de nombreux prix : Stéphane Chapelier Clergue Marie (1992), Georges Enesco (1995), Paul-Louis Weiller (1996), Georges Bizet (1997).

Stéphane Bortoli enseigne aujourd’hui la composition, l’écriture et l’analyse à l’Ecole Nationale de Musique de Mantes-la-jolie.

L’année de ses trente-trois ans, Stéphane Bortoli achevait sa première partition d’orchestre connue comme telle. Distinguée par l’UNESCO, Dans la nuit est une oeuvre remarquable par l’économie des gestes qu’elle emploie. Peut-être n’en utilise-t-elle qu’un seul d’ailleurs, une échelle ascendante, lentement construite jusqu’à son déploiement, ainsi que s’ouvrent les éventails. L’extrême concentration de l’écriture, le fait aussi qu’il soit difficile ici de distinguer les figures d’accompagnement ou d’ornement des principales, le fait encore que le geste sur lequel repose la partition n’atteigne jamais à l’acmé qu’une construction logique devrait amener, tout concourt ici à renforcer la nature fortement poétique de l’oeuvre. Celle-ci fut inspirée par Michaux. Deux ans plutôt, Stéphane Bortoli mettait en musique une fragment de Plume dans Sur le chemin.

Dans la nuit est une évocation ; s’y entend, presque de façon tactile, l’indicible mélange entre l’impression du réconfort que peut procurer la nuit à l’être qui vient s’y lover et celle de la terreur glacée du noir absolu. De huit ans postérieur, le Psaume 22 semble débuter là où s’achevait Dans la nuit. Encore une fois, c’est un unique geste qui court au long de la partition. Un ondoiement fait d’alternances entre groupes instrumentaux - calmes ou décidés, suivant que le compositeur, retrouvant la parole sacrée, parle des «prés d’herbe fraîche» ou «du ravin de terreur» ; de petits battements individuels aussi qui viennent du quintette Seele leise (1996).

Quand Stéphane Bortoli s’empare d’un texte - avec un goût sûr d’ailleurs - c’est pour habiller celui-ci d’une parure instrumentale qui n’entrave jamais la signification du mot (comme dans Le Guetteur mélancolique) ; ou pour en révéler la terrible pudeur, comme dans Mein Traum, sur un texte de Schubert (une partition étrange d’immobilité, tout en étant «cruelle»). (Plus cruelle encore, et surtout plus crue, avec un effectif particulier qui réclame entre autres quatre altos : Sur le chemin.)

Et puis il y a Les deux Lutins, un opéra qui «met en opposition le jour et la nuit». Il y a là des forêts sombres et mystérieuses qui s’installent parce que la musique les réclame ; de la candeur, surtout, parce que le compositeur y amène naturellement, sans contrainte donc, la «blancheur» des voix.
Je crois que Stéphane Bortoli se souvient de l’enfance.

Dominique Druhen

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