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Ami… Chemin… Oser… Vie…

Partition et matériel

Philippe LEROUX

Détails

Famille instrumentale Orchestre
Classifications catalogue Ensembles divers de 11 à 20 musiciens
Nomenclature instrument fl, htb, 2 cl, bsn, cor, trp, trb, perc, pno et quintette à cordes
Durée totale 00:18:00
Éditeur Éditions Billaudot
Cotage GB9166 O
Style musical Contemporain
  • Visuel principal

Description

> Commande du NEM.
> Création le 12 octobre 2011, à Montréal, par le NEM.
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Lorsque j’ai commencé à travailler sur cette pièce, je pensais explorer musicalement la notion d’élasticité. Puis, il se trouve que mon frère est mort en septembre 2011 et il ne m’a pas été possible de composer une musique qui puisse parler d’autre chose que de mort et de vie.

Cette oeuvre évoque donc, par une pulsation lente maintes fois répétée, une marche. Cette marche sonore, parfois indécise, cette itinérance, représente le chemin que nous suivons, mais aussi celle des forçats, des gladiateurs, de ceux qui savent qu’ils vont mourir - Morituri te salutant. Cette marche est aussi une respiration, celle qui nous accompagne tous les jours de notre vie et qui bascule un jour dans une entropie désespérante, mais également vers une éternité temporelle sans limite ni fin.

L’harmonie présente dans l’oeuvre provient de deux sources. La première est celle d’une analyse spectrale d’un type de cloche très présente au Québec, notamment à Trois-Rivières, Rimouski et Québec : la cloche Mears. La seconde provient aussi d’une analyse, mais cette fois de sons de synthèse par modulation de fréquence. L’idée n’est pas de générer des accords de modulation de fréquence, mais d’analyser des sons complexes ayant été obtenus par ce même procédé. La différence peut sembler subtile, mais c’est la même qui consiste à différencier un accord de quatre sons des résultats de l’analyse de ce même accord chanté par quatre voix. Dans ce dernier cas, les harmoniques générés par les voix interfèrent, de façon à créer un son plus complexe et vivant. Une dialectique harmonique s’établit ainsi, tout au long de la pièce, entre l’harmonie naturelle de la cloche et celle plus sophistiquée de la modulation de fréquence. Vers la fin, la cloche elle-même est modulée, établissant ainsi une continuité possible entre les deux univers harmoniques.

L’oeuvre est parcourue de solos souvent avortés, qui disent l’impossibilité pour l’homme de franchir seul victorieusement les portes de la mort. Ces solos conduisent à la saturation des espaces harmonique et timbral qui expriment la colère et la violence de la rébellion devant la mort, celle de l’autre, mais aussi la nôtre. Ces moments de grande densité fréquentielle et d’excès de timbre, dans la multiplicité des solos, évoquent une vision de la mort en tant qu’explosion des limites, mais également l’aspect parfois désordonné de la vie et sa violence dans son extériorisation comme quelquefois dans sa dureté.

La forme de l’oeuvre est une tresse à deux brins : l’un plutôt de type monodique et l’autre plus polyphonique, qui s’enchevêtrent et sont traversés par la marche pulsée mentionnée plus haut en une sorte de brochette formelle. Si le brin monodique domine au début de l’oeuvre, c’est la polyphonie qui prend peu à peu le dessus afin de suggérer la densité et la saturation vitale que met en oeuvre l’être qui ne souhaite pas mourir.

Outre mon frère Jean-Claude, cette oeuvre est dédiée à Lorraine Vaillancourt et aux musiciens du Nouvel Ensemble Moderne.

(Philippe Leroux)