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The Sound of Trees

Camille PÉPIN

Détails

Famille instrumentale Clarinette, Orchestre, Violoncelle
Classifications catalogue 2 à 5 solistes et orchestre
Nomenclature instrument clarinette et violoncelle soli et orchestre (2.2.2.2 - 2.2.0.0 - timb et cordes)
Durée totale 00:20:00
Éditeur Éditions Billaudot
Cotage GB10094 0
Style musical Contemporain
  • The Sound of Trees Visuel

Description

> Commande de l'Orchestre de Picardie Région Hauts-de-France
> Création le 4 novembre 2019, à la Maison de la Culture, Amiens (France), par Julien Hervé (clarinette), Yan Levionnois (violoncelle) et l'Orchestre de Picardie, sous la direction de Arie van Beek

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Mêlant une clarinette et un violoncelle solistes à un orchestre symphonique, The Sound of Trees répond à une commande passée par l’Orchestre de Picardie. S’agit-il d’un double concerto ? Le terme n’est pas le plus adapté : Camille Pépin s’écarte des traditionnels mécanismes concertants pour cultiver un subtil jeu de timbres ancré dans l’orchestre, profitant de la présence de solistes pour donner un relief inédit à la formation symphonique. La clarinette et le violoncelle se fondent régulièrement dans le paysage instrumental avant de ressortir au premier plan, déclenchant parfois l’écho d’un ou deux pupitres, donnant de la profondeur et du mouvement à la masse orchestrale. Seule la cadence centrale voit les solistes s’échapper en tandem dans un passage de haute voltige qui suit la logique virtuose des concertos.

Ce duo soudain rappelle aussi la place prépondérante qu’occupent le violoncelle et la clarinette dans le catalogue chambriste de Camille Pépin (Luna, Kono Hana, Snow, Moon & Flowers). Avec leur souffle de velours et leur matière boisée, les deux instruments étaient déjà bien installés dans l’univers poétique de la compositrice. Aussitôt après avoir reçu la commande du présent ouvrage, avant même d’en avoir esquissé les premières notes, Camille Pépin a d’ailleurs naturellement fait le rapprochement entre les deux timbres solistes et un poème de Robert Frost qui l’avait particulièrement marquée. Dans The Sound of Trees, le poète américain écoute l’appel au voyage que lance le bruissement envoûtant des arbres immobiles, « jusqu’à en perdre toute mesure du rythme ». Et Camille Pépin de transposer cette évocation en une toile instrumentale animée, riche en grains instrumentaux divers et pourtant stabilisée par des textures et des motifs fondateurs.

Passionnée par la musique de Debussy en général et par La Mer en particulier, la composer s’inspire comme son aîné d’une nature poétisée pour trouver la substance d’une orchestration méticuleuse. Non sans rappeler les esquisses symphoniques debussystes, les premières notes de The Sound of Trees émergent progressivement de la page blanche : bientôt animée par des rythmes brumeux, une seule note se fait entendre parmi les pupitres, puis une deuxième, avant qu’un motif tétratonique ne fleurisse à la clarinette. Camille Pépin quitte alors les sentiers
debussystes pour perdre l’auditeur dans sa forêt de timbres. Aucun véritable thème ne vient structurer un discours qui semble s’auto-engendrer avec une illusion de liberté saisissante. Seuls des motifs mobiles se balancent au-dessus d’ostinatos captivants, avec ces variations insistantes qui font de la composer l’héritière française de Steve Reich. Malgré la variété de la vivacité rythmique qui donne l’impression de vivre trois mouvements différents, le flux musical ne s’interrompt pas – comme souvent chez Camille Pépin – et revient irrésistiblement à son point de départ, refermant le cadre du paysage sonore.


(Tristan Labouret)