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Daniel A. D’ADAMO

Daniel A. D’ADAMO

Né à Buenos Aires en 1966, Daniel A. d'Adamo suit des études en musique et philosophie en Argentine. En 1992, il entre au Département Sonus du CNSM de Lyon où il complète ses études en composition, avec Philippe Manoury, et en électroacoustique et informatique musicale avec Denis Lorrain. En 1996, il travaille à l'IRCAM et rencontre Tristan Murail avec lequel il explore une nouvelle approche des techniques informatiques appliquées à la composition.

En 1996, il représente l'Amérique Latine au 3è Forum pour compositeurs organisé à Montréal par le Nouvel Ensemble Moderne qui crée sa pièce "Voices", pour 15 instruments. La même année il remporte la première édition du Concours de Composition présenté par le Grame et l'Ensemble Orchestral Contemporain. A cette occasion, il compose "d'Ombra II", pour 15 instruments.

En 1997, il est nommé pour une durée de deux ans pensionnaire à l'Académie de France à Rome - Villa Médicis, où il crée le festival Musica XXI.

Ses pièces sont interprétées par des ensembles tels que le Nouvel Ensemble Moderne de Montréal, Court-Circuit, Les Percussions de Strasbourg, L'Ensemble Orchestral Contemporain, Nuove Sincronie (Milan), Freon (Rome), Alter-Ego (Rome), et dirigées par des chefs d'orchestre tels que Pierre-André Valade, Lorraine Vaillancourt, Renato Rivolta, Daniel Kawka...

Un disque monographique sous le label Radio-France - Musique Française d'Aujourd'hui, lui a été récemment consacré.

Daniel A. D'Adamo appartient à cette nouvelle génération de compositeurs qui peut s'affranchir de toute allégeance à une école quelle qu'elle soit et qui revendique avant tout la liberté d'esprit devant l'acte créateur. Ce refus des systèmes lui permet d'échapper à la fois à toute attitude exclusive qui ne verrait de salut qu'à travers le filtre d'une esthétique dictatoriale et à tout syncrétisme démagogique qui flirterait avec les tendances les plus antinomiques pourvu qu'elles soient dans l'air du temps. C'est la nécessité de travailler le matériau, de "malaxer la pâte", pourrait-on dire, qui impose, à l'intérieur de chaque pièce, l'emploi ou le développement d'une technique en particulier.

La profusion des figures, la minutie de la notation des phrasés, des articulations et des nuances, le choix des modes de jeu laissent observer chez lui un souci du détail, une véritable passion pour l'écriture.

On peut dégager de la production de ce compositeur trois directions qui semblent caractériser son esthétique : une recherche sur le temps musical, une certaine théâtralité de l'écriture et une récurrence de la thématique du double. Les pièces pour ensemble, "Voices" (1996) et "d'Ombra II" (1998), sont représentatives de la conception du temps musical développée par Daniel A. D'Adamo. Dans ces pièces, le matériau n'est pas déployé par un processus unique qui conduit immuablement d'un point à un autre, d'une tension à une résolution. Au contraire, ce compositeur préfère différer le temps de la résolution : le matériau semble suivre une direction, mais celle-ci retombe dans un nouveau processus, dans une tension renouvelée. Souvent des éléments hétérogènes s'infiltrent de manière inattendue et viennent éclairer ou contrarier le processus en cours. Ceux-ci trouvent leur justification à un moment ultérieur du déroulement temporel. "Coeli et terrae" (1998-99), pour saxophone basse et contrebasse, se développe à partir d'une structure initiale très complexe, construite à partir d'une superposition de différents modes de jeux instrumentaux et qui s'organise progressivement en phrases plus larges. Mais le développement de cette structure se dégrade par l'irruption d'éléments nouveaux qui imposent leurs propres logiques formelles.

Ce refus d'une linéarité trop évidente du temps musical va de pair avec un goût pour la théâtralité de l'écriture. Les retournements de situation, les apparitions soudaines, les retours impromptus confèrent aux objets musicaux constitutifs du matériau un statut de personnage théâtral. Il s'agit d'un théâtre plutôt interne qu'externe, plutôt dans l'abstraction d'une idée que dans le figuratif d'une représentation. Dans "d'Ombra II", le piano, personnage principal, ouvre la pièce par un geste dans le registre grave, sorte de magna en fusion, qui va donner naissance à des irruptions toujours plus pressantes du tutti. Théâtrale est aussi la section finale, lorsque les musiciens de l'ensemble échangent progressivement leur instrument contre une percussion. "Die runde Zahl" (1998-99), pour six percussionnistes, inscrit sa théâtralité dans la spacialisation du son. Les percussionnistes placés autour du public, tissent une véritable "polyphonie" de trajectoires croisées et de rotations superposées. L'espace devient un facteur structurant autour duquel s'articulent les flux de densités, de rythmes et de dynamiques. Au début de "d'Ombra I" (1997), pour clarinette basse et dispositif électroacoustique en temps réel, on entend le double électronique seul, comme une ombre qui signalerait l'arrivée imminente d'un personnage. La théâtralité de la pièce repose sur le jeu entre le visible - l'instrumentiste - et l'invisible - la partie électronique.

Le double, en tant que réitération, ombre, reflet et déformation, constitue peut-être l'élément le plus original dans la production de Daniel A. D'Adamo. C'est en tout cas une des constantes de son esthétique. La pièce "Die runde Zahl" est construite à travers un jeu d'imitations, de retards qui sont autant de doubles d'un motif initial. L'idée de d'Ombra II repose sur une expérience de déformation acoustique due à une écoute lointaine. La pièce est conçue comme le reflet filtré ou le souvenir résiduel d'une musique interprétée dans un endroit inaccessible. Le rôle de l'ombre est dévolu, dans "d'Ombra II", à l'électronique en doublant la partie instrumentale. C'est une sorte d'ombre indisciplinée qui interprète à sa manière les gestes instrumentaux et qui renvoie des images sans cesse déformées. Comme dans le conte d'Andersen, l'ombre finit par prendre la place de l'homme et le détruire.

Philippe Lalitte

Voir toutes les œuvres composées par Daniel A. D’ADAMO

Les œuvres composées par Daniel A. D’ADAMO

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Discographie

Cœli et terræ
pour saxophone basse et contrebasse
Sax B : Vincent David
Cb : Didier Meu
Enregistrement CD MFA 216039 – HMCD76

Die runde Zahl
pour 6 percussionnistes
Les Percussions de Strasbourg
Enregistrement CD MFA 216039 – HMCD76
Enregistrement CD Accord - Universal 4806512

d’Ombra I
pour clarinette basse et dispositif électroaccoustique
Cl B : Pierre Dutrieu
Technique IRCAM : Frédéric Voisin
Enregistrement CD MFA 216039 – HMCD76

d’Ombra II
pour 15 instruments
Ensemble Court-Circuit
Dir : Pierre-André Valade
Enregistrement CD MFA 216069 – HMCD76

Voices
pour 15 instruments
Ensemble Court-Circuit
Dir : Pierre-André Valade
Enregistrement CD MFA 216039 – HMCD76